Notre société nous a habitués et éduqués à juger les gens : sur leur habillement, leur manière d’être, leur comportement, leur façon de parler.
Une petite
anecdote de la vie quotidienne servira d’illustration : Une personne
raconte : « Je me trouvais en face d’un homme dans le train,
habillé en costume comme bien d’autres cadres. Soudain, je tombe de haut
lorsque, l’heure de la prière du matin (sobh) arrive, je le
vois se mettre à prier (assis). ».
Que peut-on
tirer de cette histoire ? Ce qui doit se rappeler à nous c’est le principe
de la bonne opinion d’autrui. Pourquoi juge-t-on telle ou telle personne
d’après son apparence ? La bonne opinion doit être cultivée en reprenant
ses (mauvaises) pensées. On se dit que la personne étant habillée de telle ou
telle manière sera comme ceci ou cela, on juge presque de ses qualités ou
défauts selon son apparence. Mais comme le dit l’adage « l’habit ne fait
pas le moine ». Ce n’est pas – uniquement – ce que nous renvoyons comme
image primaire qui fait notre être.
Cette façon de
juger – ceux que nous rencontrons ou ceux qui nous rencontrent – serait
peut-être comparable à un réflexe archaïque qui veut que l’on analyse notre
environnement pour évaluer le danger des situations. Cependant prendre un temps
de réflexion, un temps pour mettre à distance ce qui nous arrive, c’est mettre
de côté ce réflexe archaïque et se tourner vers le potentiel humain, sur le
trésor d’humanité qui se cache en chacun.
Cette attitude
de non-jugement, de bonne opinion, et même de miséricorde, s’exprime avec force
chez le Prophète Mohammed, paix et salut de Dieu sur Lui. Un jour,
alors qu’il était assis avec ses compagnons dans la mosquée, un bédouin rentra
et se mit à uriner quelque part au sein de cette mosquée. Les compagnons
présents commencèrent à s’emporter. Le Prophète alla le voir alors et lui
dit : « Les urines et autres souillures ne conviennent guère aux
mosquées, celles-ci sont plutôt faites pour l’invocation de Dieu, les prières
et la récitation du Coran. ». Puis il se retourna vers ses compagnons et
leur dit : « Vous n’avez d’autre mission que de rendre toute chose facile
et non de rendre les choses pénibles ». Le Prophète donna l’ordre d’apporter un
seau d’eau et le versa lui-même sur l’endroit souillé. Le bédouin, pris de
stupeur de l’attitude du Prophète, sur lui la paix, sa miséricorde et sa
tolérance, dit alors : « Ô Seigneur Dieu, soit miséricordieux envers moi et
Mohammed et éloigne les autres de ta miséricorde ! ». Le Prophète, sur lui la
paix et le salut, réplique en souriant : « Tu restreins là, quelque
chose des plus vastes (la miséricorde de Dieu) ! »
Ainsi, on voit
ici les deux attitudes possibles face à un événement indésirable qui nous
choque, peut nous agresser, ou que l’on considère comme potentiellement
nuisible. D’une part les compagnons, qui ont été choqués par cet homme voulant
uriner dans la mosquée ; leur réaction s’est basée sur le présupposé que
l’homme savait dans quel endroit il se trouvait et l’importance de la pureté de
celui-ci. D’autre part, le Prophète, quant à lui, a laissé place à la bonne
opinion de cette personne, et à l’idée que peut-être il ne se rendait pas
compte de la nuisance de son acte. Et lorsque l’on regarde l’issue de cet
épisode, on voit que l’attitude de sagesse du Prophète, paix et salut de Dieu
sur lui, a été la plus productive puisque le bédouin, surpris par cette belle
attitude, a appelé la miséricorde de Dieu sur eux deux pour cela.
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